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Elle commença soudain quand le moment fut venu, et avec un fracas de pas et de hurlements, avec un cri poussé par Alan, un bruit de coups, et des plaintes comme celles d’un homme qui a été atteint.

Je regardai en arrière par-dessus mon épaule, et je vis, dans le passage, M. Shuan, qui croisait le fer avec Alan.

— C’est lui qui a tué le mousse, criai-je.

— Regardez à votre fenêtre, dit Alan, et pendant que je détournais la tête, je le vis plonger son épée dans le corps de l’homme.

Il n’était que temps pour moi de regarder de mon côté, car j’avais à peine remis la tête à la fenêtre que cinq hommes, portant une vergue comme un bélier, passèrent en courant près de moi, et prirent position pour enfoncer la porte.

Je n’avais, de ma vie, tiré un coup de pistolet ; je n’avais que rarement tiré des coups de fusil, et bien moins encore contre un de mes semblables.

Mais c’était l’occasion, ou jamais, de le faire, et comme ils donnaient de l’élan à la vergue, je criai :

— Attrape.

Et je tirai dans le tas.

Je dus atteindre l’un d’eux, car il poussa un cri et fit un pas en arrière, pendant que les autres s’arrêtaient, un peu déconcertés.

Avant qu’ils fussent revenus à eux, j’envoyai une autre balle par-dessus leurs têtes et à mon troisième coup, qui ne porta pas mieux que le second, toute la troupe lâcha la vergue et s’enfuit en courant.

Alors mon regard fit le tour de la dunette.

Tout l’espace en était rempli par la fumée de mes coups de feu, et il me semblait que mes oreilles avaient éclaté par l’effet des détonations.