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pas un mauvais coup avant que cela ne soit nécessaire. Vous avez sur le dos un uniforme de militaire français, et dans la bouche une langue d’Écossais, c’est certain, mais en ce temps-ci on en peut dire autant de plus d’un brave garçon, et j’oserais dire qu’il n’en vaut pas moins pour cela.

— Ah ! c’est ainsi ! dit le gentleman au bel habit, êtes-vous du côté du bon droit ?

Cela signifiait : Êtes-vous Jacobite ? car dans ces sortes de guerres civiles, chaque parti se donne le nom de parti des honnêtes gens.

— Oh ! monsieur, répondit le capitaine, je suis un véritable bleu, un protestant, et j’en rends grâce à Dieu.

C’était le premier mot de religion que je lui entendais prononcer, mais j’appris par la suite qu’il fréquentait beaucoup les églises, pendant ses séjours à terre.

— Mais, reprit-il, avec tout cela, je puis bien être fâché de voir un autre homme adossé à un mur.

— Vraiment, vous pensez ainsi ? demande le Jacobite. Eh bien, monsieur, pour être d’une parfaite franchise avec vous, je vous dirai que je suis un de ces honnêtes gentlemen auxquels on a causé des ennuis après les années 1745 et 1746, et pour porter la franchise plus loin encore, je dirai qu’il ne ferait pas bon pour moi, si je tombais aux mains des habits rouges.

Or, j’allais retourner en France, il y avait un navire français en croisière pour me prendre à bord, mais il nous a plantés là dans le brouillard, comme je voudrais que vous l’eussiez fait vous-même.

Et le meilleur langage que je puis vous tenir revient à ceci : si vous pouvez me débarquer à l’endroit où je me rendais, j’ai sur moi de quoi vous récompenser largement de votre peine.