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assis à la poupe, comme passager, tandis que tous les autres étaient occupés à ramer.

Au moment du choc, la poupe avait été projetée en l’air, et l’homme, ayant les mains libres, et n’ayant d’autre charge qu’un surtout de toile qui descendait jusqu’à ses genoux, avait rebondi et saisi à pleines mains le beaupré du brick.

Cela montrait qu’il avait non seulement de la chance, mais encore une grande agilité et une vigueur extraordinaire pour se tirer aussi d’une pareille situation.

Et cependant, quand le capitaine l’eut amené dans la dunette, il avait l’air aussi froid que moi.

Il était plutôt petit de taille, mais bien bâti, et aussi leste qu’une chèvre.

Sa figure ouverte avait une bonne expression de franchise, mais le hâle l’avait fortement colorée ; elle était très tachée et creusée par de profondes taches de petite vérole.

Ses yeux étaient d’un éclat peu ordinaire ; une sorte d’égarement les agitait sans cesse et leur donnait je ne sais quoi d’attirant et d’alarmant à la fois.

Après avoir ôté son surtout, il posa sur la table une paire de beaux pistolets montés en argent, et je vis qu’il avait à la ceinture une longue épée.

De plus, ses façons avaient de l’élégance, et il tint bravement tête aux rasades du capitaine.

À première vue, je pensais que c’était là un homme que j’aimerais mieux avoir pour ami que pour ennemi.

Le capitaine, de son côté, faisait ses observations, mais elles portaient plutôt sur les vêtements de l’homme que sur sa personne. Et vraiment quand il eut ôté son surtout, son costume faisait un effet superbe dans la dunette d’un brick de commerce.