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quefois tous les trois s’asseyaient pour se préparer un grog ensemble.

Comment demeuraient-ils bien portants ?

Je ne le sais pas plus que je ne sais comment je conservai aussi ma santé.

C’était, cependant, un service facile pour tout le reste.

Il n’y avait pas de vêtements à étendre ; les repas se composaient de bouillie ou de viande salée, excepté une fois par semaine où il y avait du pudding.

Bien que je fusse assez maladroit, n’ayant pas encore le pied marin, et qu’il m’arrivât de tomber avec ce que je portais, M. Riach et le capitaine se montraient d’une patience étonnante.

Je ne pouvais m’empêcher de croire qu’ils composaient avec leur conscience et qu’ils n’auraient pas été aussi bons pour moi, s’ils n’eussent été bien pires pour Rançon.

Quant à M. Shuan, la boisson ou son crime, si ce n’est ces deux causes réunies, lui avaient certainement troublé l’esprit.

Je ne puis dire que je l’aie jamais vu dans un état normal.

Il ne put jamais s’habituer à me voir là.

Il me regardait sans cesse d’un œil fixe, et parfois d’un air terrifié, à ce que j’aurais pu croire.

Plus d’une fois il s’écarta brusquement de ma main quand je le servais.

Je suis parfaitement convaincu que, depuis le premier moment, il n’eut aucune idée claire de ce qu’il avait fait, et dès le second jour que je fus à la dunette, j’en eus la preuve.

Nous étions seuls, et depuis un certain temps, il avait commencé à me regarder fixement, quand soudain il