De sorte que nous étions là tous trois silencieux, regardant fixement M. Shuan.
De son côté, M. Shuan ne disait mot et continuait à contempler la table.
Tout à coup il étendit la main pour prendre la bouteille. À cette vue, M. Riach se leva brusquement et s’en empara, plutôt par surprise que par force en criant, avec un juron, que c’était assez de ce qu’il avait fait et qu’une malédiction s’abattrait sur le navire.
Tout en parlant ainsi, comme les portes à glissière de la fenêtre étaient ouvertes, il lança la bouteille à la mer.
En un clin d’œil, M. Shuan fut debout.
Il avait toujours l’air abruti, mais sa figure annonçait un meurtrier, cela était certain, et il eût commis un second crime, cette nuit-là, si le capitaine ne s’était avancé entre lui et sa victime.
— Asseyez-vous, hurla le capitaine. Imbécile, pourceau, savez-vous ce que vous avez fait ? Vous avez tué le mousse.
M. Shuan parut comprendre, car il se rassit et porta la main à son front.
— Eh bien, quoi ! dit M. Shuan, il m’avait apporté un gobelet sale.
À ces mots le capitaine, moi et M. Riach, nous nous regardâmes les uns les autres pendant une seconde, avec une sorte d’effarement épouvanté.
Ensuite, Hoseason s’avança vers son premier maître, le prit par l’épaule, le poussa vers sa couchette, lui commanda de se coucher et de s’endormir du même ton dont on parle à un enfant qui n’est pas sage.
Le meurtrier pleurnicha un peu, ôta ses bottes de marin, et obéit.
— Ah ! s’écria d’une voix terrible M. Riach, il y a