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intermédiaire entre la veille et le sommeil, mes yeux ouverts, contemplant les ténèbres, le mal de mer avait entièrement disparu, mais il avait fait place à une horrible sensation de vertige et de flottement qui était encore plus insupportable.

De plus j’éprouvais des douleurs dans tous les membres, et les cordes qui me liaient me paraissaient être de feu.

Il me semblait que l’odeur de l’antre où je gisais s’était incorporée à moi, et pendant le long intervalle qui s’était écoulé depuis sa dernière visite, j’avais souffert mille terreurs, soit à cause des ébats des rats du vaisseau que je sentais parfois trottiner jusque sur ma figure, soit à cause des fantômes effrayants qu’engendre l’imagination pendant la fièvre.

La lueur de la lanterne, descendant de l’ouverture d’une trappe, me fit l’effet de la lumière du soleil dans le ciel, et bien qu’elle ne me montrât rien autre chose que les épaisses et noires parois du navire qui me servait de prison, je faillis pousser un vrai cri de joie.

L’homme aux yeux verts descendit le premier par l’échelle, et je remarquai que sa démarche n’était pas des plus fermes.

Il était suivi du capitaine.

Aucun d’eux ne parla, mais le premier s’approcha et examina ma blessure, comme il l’avait déjà fait pendant qu’Hoseason jetait sur moi un regard oblique et sombre.

— Maintenant vous pouvez en juger par vous-même, monsieur, dit le premier, forte fièvre, pas d’appétit, pas de lumière, pas de nourriture, vous pouvez vous rendre compte par vous-même de ce que cela veut dire.

— Je ne suis pas sorcier, monsieur Riach, dit le capitaine.