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va monter. Avant la nuit, nous verrons le vieux brasier à charbon de l’île de May.

— Capitaine Hoseason, vous entretenez une terrible chaleur dans votre chambre, répondit mon oncle.

— C’est une habitude que j’ai prise, monsieur Balfour, répliqua le capitaine ; je suis naturellement sensible au froid, j’ai le sang froid, monsieur. Ni fourrure, ni flanelle, ni rhum chaud ne peuvent réchauffer ce qu’on nomme la température. Monsieur, c’est cette même température par laquelle beaucoup d’hommes ont été carbonisés, comme on dit, dans les mers tropicales.

— Bien, bien, capitaine, dit mon oncle, nous devons toujours agir conformément à notre tempérament.

Mais il advint que cette habitude du capitaine eut une grande part dans mes malheurs. Car quoique je me fusse promis de ne pas quitter des yeux mon parent, j’étais à la fois désireux de voir de plus près la mer, et si oppressé par l’atmosphère étouffante de la chambre, que quand il me dit de descendre et d’aller m’amuser dehors, je fus assez fou pour le prendre au mot.

Je m’en allai donc, laissant les deux hommes en tête-à-tête avec une bouteille et un tas de paperasses.

Je traversai la route en face de l’auberge, et je descendis vers la grève.

D’après la direction du vent dans cet endroit, il n’arrivait au rivage que de légères ondulations, de petites vagues pas plus hautes que celles que j’avais vues dans un lac.

Ce qui était nouveau pour moi, c’étaient les herbes marines. Il y en avait de vertes, de brunes et allongées,