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air malicieux, ce n’est pas le moyen de gagner ma faveur, David.

— Monsieur, lui dis-je, j’ai tout le respect qui est dû à votre âge et au sang qui nous est commun, mais je n’apprécie pas votre faveur au point de la payer d’un tel prix.

J’ai été élevé dans une assez haute opinion de moi-même, et quand vous seriez pour moi non seulement un oncle, mais toute une famille, et dix fois plus nombreux que je n’en eus jamais, je ne donnerais point un tel prix pour votre sympathie.

L’oncle Ebenezer s’arrêta et regarda quelque temps par la fenêtre.

Je pouvais le voir trembler et osciller comme un homme atteint de paralysie.

— Mais quand il se retourna, il avait un sourire sur la physionomie.

— Bien ! bien, nous devons obéir, souffrir. Je n’irai pas ; et nous ne dirons pas un mot de plus.

— Oncle Ebenezer, dis-je, je ne comprends absolument rien à cela. Vous me traitez comme un voleur, vous ne pouvez vous résigner à l’idée de m’avoir dans cette maison, vous me le laissez voir à chaque minute, il n’est pas possible que vous éprouviez quelque sympathie pour moi. Quant à moi, je vous ai parlé comme je ne me serais jamais cru capable de parler à qui que ce soit. Pourquoi, dès lors, vouloir me retenir ici ? Laissez-moi partir, retourner auprès des amis que j’ai, et qui ont de l’affection pour moi.

— Non ! non ! non ! non ! répondit-il d’un ton très sérieux, je vous aime beaucoup. Nous nous entendrons fort bien et pour l’honneur de la maison, je ne puis vous laisser partir comme vous êtes venu.

Restez tranquillement ici comme un brave garçon,