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paepae-hae, ou plate-forme d’habitation des Marquésans. Le paepae est une terrasse oblongue, construite sans ciment, de pierre volcanique noire, qui a de vingt à cinquante pieds de long, quatre à huit d’élévation au-dessus du sol, et où l’on accède par un large escalier. Tout le long de la partie arrière, et venant à peu près jusqu’à mi-largeur, s’allonge en une espèce de galerie la façade ouverte de la case. L’intérieur en est parfois net et presque élégant dans sa nudité, avec son dortoir que limite une balustrade longitudinale, une étoffe de couleur vive pendue à un clou, et — seuls indices de civilisation — une lampe ou une machine à coudre White. Dehors, à une extrémité de la terrasse, le foyer culinaire brûle sous un auvent ; à l’autre, il y a parfois une loge à porcs ; le reste est le promenoir du soir et la salle de banquet au frais. Dans certaines maisons, l’eau des montagnes, plus douce, est amenée par des tuyaux de bambou perforé. Préoccupé des rapprochements avec le Highland, je revis en imagination les mottes malpropres de gazon et de pierraille sur lesquelles, dans les Hébrides et les îles du Nord, je me suis souvent assis pour converser. L’explication d’un tel contraste est double. En Écosse, le bois est rare ; et, avec des matériaux aussi grossiers que du gazon et de la pierre, nulle propreté possible. Puis, en Écosse, il fait froid. Un toit et un foyer sont des nécessités si pressantes que