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que vous disiez la vérité et possible que vous mentiez. Je suis assez whig pour me tenir en paix et pour voir tous mes parents avec la tête sur les épaules, mais je ne le suis pas assez pour qu’on se moque de moi. Et, je vous le déclare sans détour, vous parlez trop des portes et des fenêtres de l’avocat général pour un homme qui vient ici courir après la fille de Mac Gregor ! Vous pourrez dire cela à lord Prestongrange, avec tous mes compliments. Et je vous souhaite le bonjour, monsieur Balfour, et bon voyage.

— Si vous me prenez pour un espion, répondis-je la gorge serrée,… si vous me prenez pour un espion !… » Je me tus, lui lançant de furieux regards, puis je la saluai et lui tournai le dos.

« Voyons, voyons, dit-elle, pour qui donc pourrais-je vous prendre, moi qui ne sais rien de vous ? Mais je vois que je me trompe et, comme je ne peux pas me battre en duel, je vous fais mes excuses. Me voyez-vous le sabre en main ! Allons, vous ne devez pas être un mauvais drôle tout de même, vous devez avoir quelques qualités. Mais, ô David Balfour, vous êtes trop campagnard ! Il faudra vous corriger de cela, assouplir votre échine et penser un peu moins de bien de vous-même. Vous aurez à apprendre que les femmes ne sont pas des grenadiers ;… mais je suis sûre que vous ne vous corrigerez pas ; jusqu’à votre dernier jour, vous ne saurez pas plus ce que sont les femmes que moi je ne sais comment on s’y prend pour vouer les truies uniquement à l’engraissement ! »

Je n’avais pas été habitué à un pareil langage dans la bouche d’une femme, les deux seules que j’eusse connues, Mme Campbell et ma mère, étaient les plus dévotes et les plus décentes personnes du monde. Je suppose que mon étonnement parut sur mon visage, car Mrs. Ogilvy partit d’un éclat de rire.