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par Simon Fraser, ma propre histoire ne le cédait que de peu à celle-là en vilenie et en lâcheté.

La conversation de deux valets de Prestongrange sur le seuil de sa porte me rendit à moi-même.

« Joe, dit l’un, portez ce billet aussi vite que vous pourrez au capitaine.

— Est-ce pour faire revenir le « Cateran »[1] ? répondit l’autre.

— Je crois que oui ; lui et Simon le demandent.

— Prestongrange devient fou, je crois ! il ne peut plus se passer de James More.

— Ce ne sont pas nos affaires, en tout cas. »

Et ils se quittèrent, l’un pour aller faire sa commission, et l’autre pour rentrer dans l’appartement.

Cela me parut aussi mauvais que possible. J’étais à peine sorti, qu’ils envoyaient déjà chercher James More, à qui sans doute M. Simon avait fait allusion en parlant d’hommes en prison prêts à racheter leur vie par toutes sortes d’énormités. Je frémis de la tête aux pieds ; puis je me souvins de Catriona. Pauvre petite ! son père risquait d’être pendu pour faits indéniables de mauvaise conduite, et, ce qui est plus terrible encore, il paraissait disposé à sauver sa tête par la pire des hontes et le plus perfide des meurtres : le faux serment. Pour compléter nos infortunes il semblait que j’étais moi-même choisi pour être sa victime.

Je me mis à marcher lentement au hasard dominé par un besoin d’air, de mouvement et de campagne.

  1. Aventurier, voleur des Highlands.