Page:Stevenson - Catriona.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rons de les sauvegarder. Et, en attendant, revenons à de plus doux procédés. Vous ne garderez pas rancune à mon ami M. Simon qui a parlé selon ses fonctions. Puis, si vous aviez conçu quelque malice contre moi qui ai assisté au dialogue et eu l’air de tenir la chandelle, il ne faut pas que cette malice s’étende aux membres innocents de ma famille, qui ont grande envie de vous revoir et de faire plus ample connaissance avec vous. Je ne veux pas que les désirs de mes jolies fillettes soient déçus par ma faute. Demain, elles iront à Hope Park, où il sera très convenable que vous alliez les saluer. Venez d’abord me voir ici en cas que j’aie quelque chose à vous communiquer ; puis vous accompagnerez ces dames. »

J’aurais dû refuser du premier coup, mais j’étais hors d’état de raisonner ; j’acquiesçai donc et je pris congé sans savoir comment. Quand je me trouvai dans la rue et la porte fermée derrière moi, je m’appuyai à la muraille et fus heureux de pouvoir m’éponger le visage.

Cette horrible apparition de M. Simon demeurait dans ma mémoire comme un son persiste dans la tête quand l’oreille ne le perçoit plus. Il me venait à l’esprit toutes sortes de récits sur le père de cet homme, et sur sa fausseté ; ses innombrables et diverses perfidies me revenaient en mémoire et tout ce que j’avais entendu et lu de lui se joignait à ce que je venais d’éprouver moi-même. Chaque fois qu’elle se présentait à mon esprit, l’indigne calomnie qu’il avait essayé de clouer sur moi me stupéfiait de nouveau. Le cas de l’homme suspendu à la potence sur le chemin m’apparaissait comme à peine distinct de celui que je pouvais considérer comme le mien.

Voler un enfant de si peu que ce fût était certainement une chose méprisable pour deux hommes faits, mais telle qu’elle devait être présentée devant la Cour