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turée, remarquai-je ; mon cas est heureusement très différent ; je suis un homme loyal et je peux regarder en face le roi ou le duc d’Argyle sans arrière-pensée.

— Ah ! c’est là que vous en venez ? Eh bien, moi, je proteste que vous êtes dans la pire des erreurs. Prestongrange a été assez poli, à ce qu’il paraît, pour ne pas mettre en doute vos allégations, mais vous devez penser que ce ne sont pas là paroles d’Évangile : vous dites que vous êtes innocent, mon cher monsieur, mais les faits vous déclarent coupable.

— Je m’attendais à cela, dis-je.

— Le rapport de Mungo Campbell, votre fuite après l’accomplissement du meurtre, votre long silence, mon bon ami, en voilà assez pour pendre un jeune taureau, fût-il David Balfour ! Je serai là ; ma voix sera entendue, je parlerai bien autrement que je ne le fais maintenant et pas à votre satisfaction, bien que cela puisse vous déplaire. Ah ! vous pâlissez, votre regard perd son assurance monsieur David ! Vous voyez la tombe et la potence plus près que vous ne pensiez.

— Je ne nie pas une faiblesse bien naturelle, dis-je, je n’en suis pas honteux ; la honte…

— La honte vous attend sur le gibet ! interrompit-il.

— Où j’aurai été devancé par le lord votre père, répliquai-je.

— Oh ! mais pas ainsi ! cria-t-il, et vous ne voyez pas encore le fond de l’affaire ! Mon père a souffert dans une grande cause et pour s’être mêlé des affaires des rois. Vous, vous serez pendu pour un vulgaire meurtre, votre part dans le crime sera d’avoir retenu la victime par une conversation ; vos complices, une bande de Highlanders. Et il peut être démontré, mon grand monsieur Balfour, il peut être démontré, et il sera démontré, que vous étiez payé pour faire le coup. Il est facile d’imaginer les regards qui courront dans la salle quand je ferai mon