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première fois, que j’aperçus dans un coin James More. Il semblait en proie à une pénible inquiétude, agitant ses pieds et ses mains, fixant les yeux çà et là sur les murs de la petite chambre. Tout cela me rappela la détresse de ce misérable ; je pense que ce fut la pitié et aussi l’intérêt que je ressentais pour sa fille qui me porta à lui adresser la parole.

« Je vous souhaite le bonjour, lui dis-je.

— Et moi de même, monsieur, répondit-il.

— Vous avez un rendez-vous avec Prestongrange ?

— Oui, monsieur, et je souhaite que votre affaire avec ce gentleman soit plus agréable que la mienne.

— J’espère au moins que la vôtre sera courte, car je suppose que vous passez avant moi.

— Tous passent au contraire avant moi, dit-il, avec un haussement d’épaule. Il n’en a pas toujours été ainsi, monsieur, mais les temps sont changés. Il n’en était pas ainsi quand l’épée pesait dans la balance, et quand la vertu militaire était estimée à sa valeur. »

Il parlait du nez, ce qui me rappelait vivement les Highlanders.

« Eh bien, monsieur Mac Gregor, lui dis-je, comprenez que, pour un soldat, la chose la plus nécessaire est de savoir garder le silence et que la principale vertu est la patience.

— Vous savez mon nom à ce que je vois (il me salua les bras croisés) ; bien que moi-même j’aie défense de le prononcer, il est cependant parvenu jusqu’à vous ? Rien d’étonnant : assez souvent, j’ai regardé l’ennemi en face et lui ai jeté mon nom en défi ; nom et visage peuvent être connus de gens que je ne connais pas.

— Que vous ne connaissez pas du tout, en effet, monsieur, et que peu connaissent. Mais si cela peut vous intéresser, je m’appelle Balfour.

— C’est un joli nom, répondit-il poliment, il y a beau-