Page:Stevenson - Catriona.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fais passer en cette matière mon devoir politique avant mon devoir judiciaire. C’est pour cette raison, je vous le répète, que je n’ai pas besoin de votre témoignage.

— Je ne voudrais pas que vous prissiez la réponse que je vais vous faire pour une simple riposte, mais si Votre Excellence ne veut pas invoquer mon témoignage je crois que la partie adverse sera très heureuse de le retenir. »

Prestongrange se leva et se mit à arpenter la chambre.

« Vous n’êtes pas si jeune, dit-il, que vous ne puissiez vous souvenir de l’année 1745 et de l’effroi qui se répandit sur tout le pays. Je lis dans la lettre de Pilrig que vous êtes loyal envers l’Église et l’État. Eh bien, qui a sauvé ces deux grandes causes ? Je ne fais allusion ni à son Altesse Royale, ni à ses soldats qui furent extrêmement utiles à un moment donné, mais le pays a été sauvé et la bataille gagnée avant même que Cumberland fût arrivé sur Drummossie. Qui a sauvé l’Église ? Je le répète, qui a sauvé la religion protestante et tout l’ensemble de nos institutions civiles ? Nul plus que le défunt Lord Président Culloden. Son rôle fut celui d’un homme de cœur : sa récompense, nulle ; de même, vous me voyez devant vous, remuant ciel et terre pour la même cause sans chercher de récompense en dehors de ma conscience et de l’accomplissement de mon devoir. Après le Président, qui encore ? Vous le savez aussi bien que moi, vous avez appelé cela une trahison et je vous l’ai reproché tout à l’heure ? Ce furent le duc et le grand clan rallié des Campbell. Maintenant, voici un Campbell assassiné et, cela, au service du roi. Le duc et moi sommes des Highlanders, mais des Highlanders civilisés, et il n’en est pas de même de la grande masse de nos clans et de nos familles. Ils sont encore barbares comme ces Stewart.