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— La déduction est claire, en effet ; je suis un très loyal sujet du roi Georges et, si j’avais quelque chose à me reprocher, je ne commettrais pas l’imprudence de venir me jeter dans la gueule du loup.

— Je suis bien aise qu’il en soit ainsi, dit-il : cet horrible crime, monsieur Balfour, est d’une telle noirceur qu’il ne peut permettre aucune clémence. Le sang a été répandu, il a été répandu en opposition directe à Sa Majesté et aux lois du pays, par ceux qui en sont les adversaires connus et publics. Mon sentiment de ces choses est très vif. J’avoue que je considère ce crime comme ayant été commis directement contre Sa Majesté.

— Et directement aussi, milord, contre une haute personnalité que je n’ai pas besoin de nommer. »

Il me toisa et me dit :

« Si vous avez quelque arrière-pensée en parlant ainsi, je dois vous dire que je considère vos paroles comme inconvenantes dans la bouche d’un loyal sujet ; si vous les aviez prononcées en public, il m’aurait appartenu de les enregistrer. Vous ne paraissez pas vous rendre compte de la gravité de votre situation, ou alors, vous seriez plus attentif à ne pas employer des expressions qui sont des critiques portées à l’intégrité de la justice. La justice, monsieur, en ce pays et entre mes mains indignes ne fait pas acception de personnes.

— Vous donnez à mes paroles une importance trop personnelle, répondis-je avec calme ; je n’ai fait que répéter des propos que j’ai entendus sortir un peu de toutes les bouches pendant mon voyage.

— Quand vous aurez acquis plus d’expérience, vous apprendrez que de tels propos ne sont pas faits pour être écoutés et encore moins répétés, mais je vous excuse à cause de votre naïveté. Ce gentilhomme qui a été frappé avec une si basse cruauté est au-dessus de tous