Page:Stevenson - Catriona.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV

L’AVOCAT GÉNÉRAL PRESTONGRANGE


Mon parent voulut me faire partager son repas, pour l’honneur de la maison, me dit-il, et je le quittai dès que cela me fut possible. J’avais hâte de m’engager complètement, afin de m’enlever jusqu’à l’apparence d’une hésitation ; aussi fus-je très désappointé quand, ayant sonné chez l’avocat général, on me dit qu’il était absent. Je crois qu’il était vraiment sorti à ce moment-là et pendant les quelques heures suivantes, mais je sus bientôt qu’il était rentré en l’entendant causer dans la pièce voisine. Je vis qu’on m’oubliait et je serais parti cent fois si je n’avais été retenu par le désir d’en finir avec ma déclaration et de pouvoir me coucher et dormir en paix. D’abord, je me mis à lire, car le petit cabinet où j’attendais contenait une foule de livres variés, mais je lisais sans grand profit. Puis le temps devenant nuageux, la nuit vint plus tôt que d’habitude et comme le cabinet n’était éclairé que par une meurtrière, je fus bientôt forcé de renoncer à cette distraction, et je passai le reste du temps à attendre dans une oisiveté un peu lourde. Le bruit des conversations dans la pièce à côté, les sons agréables d’une harpe, ainsi qu’une voix de femme me tenaient un peu compagnie.