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mon sang, et quand le clan joue, nul ne devrait danser plus que moi ! Le clan et le nom, tout est là. C’est bien ce que vous disiez tout à l’heure : « J’ai les idées que m’a données mon père ». Trahisons, traîtres, leurs mouvements au dehors et au dedans,… le recrutement français,… les rapports qui s’entretiennent par les recrues,… tout cela s’explique, « c’est le clan ». Et leurs procès ! Quelle pitié que leurs procès ! J’en ai eu un entre les mains pour le jeune Ardshiel mon cousin, il réclamait son domaine en s’appuyant sur son contrat de mariage ! Un domaine confisqué ! Je leur ai dit que c’était une absurdité ;… mais allez donc leur faire entendre raison ! Il a fallu marcher, et me voyez-vous faisant le fier derrière un avocat qui n’était pas plus à son aise que moi, car c’était la ruine pour nous deux ? Nous étions marqués à l’encre rouge, disqualifiés… Malgré tout, que puis-je faire ? Je suis un Stewart et je ne puis déserter mon clan et ma famille. Or, pas plus tard que hier, on a conduit au donjon un de nos jeunes parents. Pourquoi ? La réponse est facile : Décret de 1736, recrutement pour le roi Louis. Vous verrez, il me demandera d’être son conseil et il y aura une nouvelle tache à ma réputation. Voulez-vous que je vous dise ? Si je savais seulement le quart d’un mot d’hébreu, je vous jure que j’enverrais tout promener et je me ferais ministre !

— C’est une dure situation, dis-je.

— Tout est dur, et c’est ce qui fait que vous m’intéressez,… vous qui n’êtes pas un Stewart, et qui ne craignez pas de vous occuper de leurs affaires. Et, cela, dans quel but ? Je me le demande ;… à moins que ce ne soit par amour du devoir.

— J’espère en effet que c’est pour cela, répondis-je.

— Alors, c’est très beau ! Mais voici mon clerc de retour et, si vous le voulez bien, nous allons dîner ensemble tous les trois. Je vous donnerai ensuite l’adresse d’un