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aucun doute, Bohaldie l’avait informé de notre mariage ; il nous fit compliment et nous donna sa bénédiction, comme un patriarche.

« Je n’ai jamais été compris, nous dit-il, je vous pardonne tous les deux du fond du cœur. »

Après cela, il se mit à causer de diverses choses, fut assez bon pour nous jouer un air sur la cornemuse, et n’oublia pas de m’emprunter une petite somme avant de nous laisser partir. Je ne pus découvrir la moindre trace de honte dans sa manière d’être, mais il pardonna sincèrement et il semblait que cela fût pour lui un soulagement. À chaque entrevue, il répéta son pardon et quatre jours plus tard, il mourut comme eût fait un saint, ce qui mit le comble à mon exaspération. Nous prîmes soin de ses obsèques, mais quand il fut question de l’épitaphe, je ne pus me décider à en faire figurer une sur sa tombe et je trouvai que la date seule de sa mort était suffisante.

Nous renonçâmes à retourner à Leyde où nous avions passé pour frère et sœur, et quand j’eus recouvré tous nos bagages nous nous embarquâmes pour l’Écosse sur un bateau des Low Lands.

Et maintenant, miss Barbara Balfour, et master Alan Balfour, cadet de Shaws, voilà l’histoire finie ; il doit vous sembler que vous avez connu tous ceux qui y ont joué un rôle. Pour commencer par les dames, la bonne qui agitait vos berceaux afin de vous endormir n’était autre qu’Alison Nastie de Limekilns, qui vous accompagna plus tard dans vos promenades lorsque vous fûtes plus âgés. Cette belle dame, la marraine de miss Barbara, c’est miss Grant, qui se moquait si bien de David Balfour chez l’avocat général Prestongrange. Vous souvenez-vous aussi d’un gentilhomme qui vint à Shaws un soir, coiffé d’une vieille perruque ? On vous éveilla, on vous