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— Je n’en ai jamais envoyé que pour vous, vous le savez bien.

— Mais vous n’avez aucun droit d’en envoyer soit à moi, soit à lui, David, ce n’est pas bien.

— Eh bien, mettons que j’aie eu tort, pardonnez-moi…, Catriona, la vie que vous menez n’est pas convenable pour une jeune fille ; je vous demande pardon de le dire, mais votre père n’est pas digne de prendre soin de vous.

— Ne me parlez pas de lui ! s’écria-t-elle.

— Je n’en parlerai plus. Oh ! soyez sûre que ce n’est pas de lui que je veux vous entretenir ! Vous savez bien que je ne pense qu’à vous ;… rien n’a pu me distraire, ni vous faire oublier ; je me suis plongé dans l’étude, puis Alan est arrivé et j’ai pris ma part de plaisir ; votre pensée, votre image ne m’ont pas quitté un seul instant ! Voyez-vous le fichu que j’ai au cou ? vous en avez coupé un coin pour le garder et puis vous l’avez rejeté loin de vous. Ce sont vos couleurs que je porte maintenant et je ne les quitterai plus. Oh ! Catriona, je ne puis vivre sans vous ! Essayez de me pardonner ! »

Je m’étais arrêté lui barrant le passage.

« Essayez de me pardonner, répétai-je, essayez de me supporter ! »

Elle garda quelque temps le silence et une angoisse m’étreignit comme une crainte de mort.

« Catriona ! m’écriai-je, y a-t-il encore un malentendu ? suis-je perdu à jamais ? »

Elle releva la tête, hors d’haleine.

« M’aimez-vous, David ? murmura-t-elle ; m’aimez-vous vraiment ?

— Si je vous aime ! oh ! sûrement, n’en doutez pas ! Je suis à vous pour la vie !

— Il ne me reste rien à donner ni à reprendre, dit-elle, j’ai été toute vôtre depuis le premier jour, si vous aviez voulu de moi. »