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encore mieux. Mais surveillez le père et la fille ; si je ne la savais honnête et si elle n’était pas si aimable pour moi, je me méfierais de quelque piège.

— Est-elle donc si aimable pour vous ?

— Elle m’admire beaucoup et je ne suis pas comme vous, je m’en aperçois,… Il est vrai que je l’admire aussi. Mais avec votre permission, David, je vais faire une reconnaissance pour voir de quel côté est allé ce coquin. »

Quelques minutes après, je me trouvais seul dans la salle : Alan filait James du côté de Dunkerque, Catriona était remontée dans sa chambre. Je voyais qu’elle voulait éviter un tête-à-tête avec moi et je n’en étais pas plus fier ; aussi je me décidai à rechercher une entrevue à tout prix. Après réflexion, je sortis, pensant que le beau temps l’attirerait dehors à son tour et une fois en plein air, j’en faisais mon affaire.

Je m’abritai derrière une petite dune et je ne fus pas longtemps sans la voir apparaître à la porte de l’auberge. Elle regarda de droite et de gauche et, ne voyant personne, elle prit un sentier qui conduisait directement à la mer. Je la suivis aussitôt sans me montrer, pensant que plus elle irait loin, plus j’aurais le temps de lui parler ; dans le sable, il m’était facile de marcher sans être entendu. Le sentier où elle cheminait montait dans les dunes, et, arrivé au sommet de l’une d’elles, je pus étudier ce pays désert où était située notre auberge. Nulle maison n’était visible, sauf celle de Bazin et le moulin à vent ; la mer s’étendait à perte de vue et deux ou trois navires se profilaient au soleil. L’un d’eux me parut bien grand pour s’approcher ainsi de la côte et je tressaillis en reconnaissant le Seahorse. Que venait faire là ce vaisseau anglais, si près des côtes de France ? Pourquoi Alan avait-il été attiré dans ce voisinage et cela dans un endroit si éloigné de tout secours ? Était-ce