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émotion ne dura qu’une seconde, mais ce fut avec une autre expression de visage qu’elle se tourna vers Alan pour lui souhaiter la bienvenue.

« Vous êtes donc Alan Breck, son ami ? Il m’a souvent parlé de vous et je vous aime déjà pour votre bravoure et votre bonté.

— Merci, mademoiselle, répondit Alan en lui tendant la main ; en vérité, David, vous n’avez pas exagéré. »

Je ne l’avais jamais entendu parler ainsi, le son de sa voix était d’une douceur extrême.

« Comment ! s’écria-t-elle, il vous avait fait mon portrait ?

— Il ne m’a guère parlé d’autre chose, depuis que nous sommes ensemble, sauf quelques souvenirs que nous avons échangés sur une nuit passée à la belle étoile dans les bois de Silvermills. Mais, rassurez-vous, vous êtes cent fois plus jolie qu’il n’avait su me le dire ! Nous allons donc être une paire d’amis ; je suis le camarade de David, tout ce qu’il aime, je l’aime, — vous voilà fixée.

— Je vous remercie de ces bonnes paroles, répondit-elle, vous ne devez pas douter de l’estime que j’ai pour vous. »

Usant du privilège des voyageurs, nous nous mîmes à table sans attendre James More. Alan invita Catriona à s’asseoir près de lui, la fit boire avant lui dans son verre et l’entoura de mille soins sans me donner le moindre prétexte de jalousie. Ce fut lui qui soutint la conversation et d’un ton si gai que, tous les deux, nous en oubliâmes notre embarras.

Seulement, c’était Alan qui avait l’air d’avoir retrouvé une ancienne connaissance et moi, je semblais être l’étranger. Jamais je n’avais admiré davantage la beauté et la grâce de mon amie : quant à Alan, on voyait qu’il avait non seulement une grande expérience