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le sable craquer sous nos pas et le bruit de la mer se fit entendre. Nous marchions dans l’obscurité en suivant notre guide, seulement au son de sa voix, et je commençais à craindre que nous ne fussions égarés, quand nous arrivâmes au haut d’une petite pente d’où l’on apercevait une lumière dans une maison.

« Voilà l’auberge à Bazin », nous dit notre conducteur.

Alan se mordit les lèvres.

« C’est une drôle d’habitation ! » fit-il, et je vis que cela ne lui plaisait pas.

Une minute après, nous nous trouvâmes dans une salle basse qui formait tout le rez-de-chaussée de la maison ; des tables au milieu, des bancs le long des murs, et l’escalier qui conduisait aux chambres à coucher, formaient tout le mobilier ; il y avait du feu, et l’on voyait de nombreuses bouteilles rangées dans un coin. Le maître du logis, un petit homme de mine suspecte, nous dit que le gentilhomme écossais n’était pas rentré, mais qu’il allait prévenir sa fille.

Je tirai alors de ma poche ce fichu où il manquait un coin, et je le nouai autour de mon cou ; j’entendais les battements de mon cœur, et comme Alan me tapait sur l’épaule, en murmurant quelque plaisanterie, je ne pus m’empêcher de le repousser avec impatience.

Nous n’eûmes pas longtemps à attendre ; je reconnus ses pas au-dessus de nos têtes et, bientôt, je vis Catriona paraître dans l’escalier ; elle descendit posément, mais elle était toute pâle lorsqu’elle me souhaita le bonjour, et je fus navré de la gêne que trahissaient ses paroles et ses manières.

« Mon père sera bientôt rentré, dit-elle, il sera très content de vous voir. »

Tout à coup, elle s’arrêta, rougit jusqu’à la racine des cheveux et les mots expirèrent sur ses lèvres : je fus certain qu’elle avait remarqué le fichu ; — son