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avare et j’ai dû quitter son service. Vous nous trouverez par conséquent assez mal logés dans l’auberge d’un brave homme, qui a nom Bazin, au milieu des dunes ; le paysage est superbe et je suis sûr que nous passerons de bonnes heures, M. Stewart et moi, à nous rappeler nos années de service, tandis qu’avec ma fille, vous pourrez vous distraire d’une manière plus conforme aux goûts de votre âge. Je demande au moins à M. Stewart de venir nous voir, l’affaire que j’ai à lui proposer lui ouvre d’assez belles perspectives. »

« Que peut-il me vouloir ? s’écria Alan, après la lecture de cette lettre ; ce qu’il veut de vous, c’est de l’argent, mais que peut-il avoir à dire à Alan Breck ?

— Ce n’est peut-être qu’un prétexte, il se propose de me faire épouser sa fille — (certes, je le désire plus que lui !) — et il vous invite parce qu’il suppose que je me déciderai à vous accompagner.

— J’aimerais tout de même à savoir ce qu’il me veut, je n’ai jamais eu confiance en lui. Il a quelque chose à me communiquer ? Moi, j’aurai peut-être un coup de pied à lui donner avant la fin. C’est égal, ce sera amusant d’aller voir ce qu’il a en tête ; en même temps, je verrai aussi votre bien-aimée. Qu’en pensez-vous, David ? Ne m’accompagnerez-vous pas ? »

Je ne me fis pas prier, et, le congé d’Alan touchant à sa fin, nous partîmes sans retard.

Par une sombre journée de janvier, nous entrâmes dans la ville de Dunkerque. Après avoir laissé nos chevaux à la poste, nous prîmes un guide pour nous rendre à l’auberge de Bazin, qui était en dehors des remparts. C’était à la nuit tombante, nous fûmes les derniers à sortir de la ville et nous entendîmes lever le pont-levis dès que nous fûmes passés. Au delà des murs, il y avait un petit faubourg qu’il nous fallut traverser ; bientôt, toute trace d’habitation disparut, nous sentîmes