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présenté à son cousin du régiment des Écossais-Hollandais, un gentilhomme qui buvait plus que personne et n’était pas autrement intéressant. J’avais été invité à des repas très gais, j’en avais offert à mon tour, tout cela, sans faire grande diversion à mon chagrin. Alan avait discuté avec moi sur mes relations avec James More et sa fille, mais je ne me souciais pas d’entrer dans les détails avec lui et ma répugnance ne fit que s’accroître en entendant ses commentaires sur le peu que je lui disais.

« Je n’y comprends rien ! s’écriait-il, mais ce dont je suis sûr, c’est que vous avez été un nigaud ! J’ai l’expérience de ces choses-là, et je n’ai jamais entendu raconter rien de pareil, je ne connais pas de femme qui eût agi ainsi, vous avez dû gâter vos affaires vous-même, David.

— Je commence à le croire.

— Le pis, c’est que vous paraissez avoir encore une certaine affection pour elle ?

— Un immense amour, Alan, et qui me suivra jusqu’à la tombe !

— Je renonce à comprendre alors ! »

Je lui montrai la dernière lettre que j’avais reçue avec le post-scriptum de Catriona.

« Parbleu ! s’écria-t-il, impossible de nier la loyauté de cette jeune fille ! et son bon sens aussi. Quant à James More, il sonne creux comme un tambour, bon seulement à produire des sons. Cependant, il s’est bien battu à Gladsmuir, je ne puis dire le contraire, et ce qu’il raconte de ses blessures est exact. Mais à part cela, il est vide comme un tambour, il n’est capable que de rendre de beaux sons.

— Si vous saviez, Alan, combien je souffre de savoir Catriona entre ses mains !

— Il est certain qu’on ne pourrait la voir plus mal