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XXVIII

JE RETOMBE DANS LA SOLITUDE


Ce fut moi qui ouvris la porte à Catriona, et je l’arrêtai sur le seuil.

« Votre père désire que nous fassions notre promenade habituelle », lui dis-je.

Elle regarda James More qui inclina la tête, et alors, comme un soldat discipliné, elle se retourna pour me suivre.

Nous prîmes un des sentiers connus où nous avions passé de si bonnes heures ; je marchais un peu en arrière pour pouvoir l’observer sans en avoir l’air. Il me semblait que le bruit de ses pas avait un son triste ; je trouvais étrange d’être si près du dénouement, et je me demandais si c’était la dernière fois que je percevais le bruit de ses pas, ou bien si leur douce musique devait me charmer jusqu’à la mort ?

Elle évitait de me regarder et marchait droit devant elle, comme quelqu’un qui devine ce qui va se passer. Je sentis que je devais me hâter de parler pour ne pas laisser s’évanouir mon courage ; mais par où commencer ? C’est ce que je ne savais pas ! Dans la situation actuelle, toute insistance de ma part était indigne et