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« J’ai toujours pensé que je serai un jour pendu à cause de ma propre famille ! s’écria-t-il, et je crois, ma parole, que ce jour est arrivé maintenant ! Lui trouver un navire ! Cet homme est fou ! Et l’argent, qui le fournira ?

— Cette question-là me regarde, monsieur Stewart, dis-je, voici un sac de bonnes pièces, et s’il en faut davantage, on en trouvera là où celles-ci ont été prises.

— Je n’ai pas à vous demander quelles sont vos opinions politiques, à ce que je vois ?

— C’est inutile, en effet, car je suis whig autant qu’on peut l’être, répondis-je en souriant.

— Eh bien, eh bien, que veut dire cela ? s’écria-t-il en se reculant, un whig ? Alors, comment êtes-vous là avec le bouton d’Alan ? Et dans quelle louche affaire êtes-vous embarqué, monsieur le whig ? Comment ! Voici un jacobite poursuivi et accusé de meurtre, dont la tête est mise à prix deux cents livres ; vous venez me demander de m’occuper de lui, et puis vous me dites que vous êtes whig ! Je n’ai pas souvenir de tels whigs, quoique j’en aie connu beaucoup !

— C’est pourtant bien simple, monsieur : comme rebelle poursuivi, Alan mérite toute ma pitié et il est mon ami. Je ne puis que regretter qu’il n’ait pas été mieux conseillé, mais enfin, il est accusé de meurtre et accusé à tort.

— C’est vous qui le prétendez, fit Stewart.

— Vous m’en entendrez dire bien davantage sous peu. Alan Breck est innocent et James l’est aussi.

— Il est certain que c’est la même affaire, dit-il : si Alan est reconnu innocent, James ne peut pas être retenu. »

Je lui racontai alors brièvement les détails de ma rencontre avec Alan et l’amitié qui s’en était suivie, puis la circonstance qui m’avait fait assister au meurtre d’Appin et les diverses aventures de notre fuite dans les