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s’est offert, et je pense que vous vous montrez peu reconnaissant.

— Pour vous témoigner ma reconnaissance, j’attendrai de savoir si vous la méritez, fit-il.

— En vérité, je ne sais que vous dire de plus ! Votre enfant était abandonnée, elle était à la merci du premier venu sur une terre étrangère et sans savoir le premier mot de la langue. Je l’ai appelée ma sœur et traitée avec tous les égards dus à une sœur. Tout cela n’a pas été sans frais, mais je ne veux pas insister là-dessus, ce n’était que mon devoir envers une jeune fille que je respecte de tout mon cœur… et dont je n’ai pas à faire l’éloge à son père.

— Vous êtes jeune…, commença-t-il.

— Je comprends ce que vous voulez dire, repris-je avec chaleur.

— Vous êtes très jeune, sans quoi, vous auriez compris la gravité de votre conduite.

— Vous en parlez bien à votre aise ! Que pouvais-je faire ? J’aurais pu, il est vrai, louer les services de quelque duègne pour être en tiers avec nous, et je vous avoue que l’idée ne m’en vient qu’à ce moment. D’ailleurs, en aurais-je trouvé une, moi qui suis étranger ici ? Puis, laissez-moi vous faire remarquer, monsieur Drummond, que j’aurais dû encore la payer, car tout revient à cela ; c’est moi qui ai payé pour votre négligence et la vérité, c’est que vous êtes un père si insouciant, que vous avez oublié votre fille.

— Celui qui habite une maison de verre, dit-il, ne doit pas jeter des pierres aux autres, et quand nous aurons fini d’examiner la conduite de Miss Drummond, nous mettrons son père en jugement.

— Mais je proteste contre un tel langage ! m’écriai-je. La conduite de Miss Drummond est au-dessus de tout soupçon, son père devrait le savoir, et il en est de