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par ce fripon de Prestongrange ; j’avais cru pouvoir accorder ma confiance à un magistrat, dit-il en haussant les épaules à la manière française, il avait l’air parfaitement honorable. Mais revenons au présent, il paraît que vous avez aimablement pris soin de ma fille, on m’a appris que vous me donneriez son adresse ?

— Je pense, Monsieur, répondis-je, que nous devons avoir une explication.

— Rien de fâcheux, j’espère ? Mon agent, M. Sprott…

— De grâce, modérez votre voix, il ne faut pas qu’elle vous entende avant que nous ayons eu le temps de causer.

— Elle est donc ici ? s’écria-t-il.

— Voici la porte de sa chambre.

— Vous habitez ici, seul avec elle ?

— Et qui aurais-je pu trouver pour nous tenir compagnie, s’il vous plaît ? »

Je dois lui rendre justice et avouer qu’il pâlit.

« C’est bizarre, dit-il, et même très insolite ; vous avez raison, cela mérite explication. »

Tout en parlant, il franchit la porte et je suis obligé de convenir que le grand coquin avait un air de dignité extraordinaire à ce moment-là.

Ma chambre lui apparut alors ce qu’elle était, c’est-à-dire vide et nue et, en même temps, je m’en rendis compte et je la vis par ses yeux ! Un rayon de soleil matinal glissait sur les carreaux ; mon lit, mes malles, ma toilette, la cheminée sans feu, formaient tout le mobilier ; il n’y avait pas d’erreur, c’était à peine convenable pour abriter une femme ; le contraste entre ce dénuement et les parures que je lui avais achetées, avait mauvaise apparence.

Il chercha un siège dans la chambre et, n’en trouvant pas, il s’assit sur mon lit où, après avoir fermé la porte je ne pus éviter de venir le rejoindre. De quelque