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XXV

LE RETOUR DE JAMES MORE.


Un coup frappé à ma porte, le lendemain, m’éveilla d’un lourd sommeil. Je courus ouvrir et je fus près de m’évanouir de douleur, car, sur le seuil, vêtu d’un ridicule pardessus et coiffé d’un immense chapeau, m’apparut James More !

J’aurais dû cependant remercier la Providence, cet homme arrivait comme une réponse à ma prière. Je m’étais répété toute la nuit que Catriona et moi ne pouvions plus rester ensemble et j’avais cherché tous les moyens de nous séparer.

Le moyen était là et, pourtant, la joie était loin de ma pensée. Il est vrai de dire que si le poids des soucis de l’avenir était allégé, le présent n’en paraissait que plus noir et plus menaçant. Aussi me trouvant, en costume sommaire, en face de James More, je crois que je fis un pas en arrière, comme un homme fusillé à bout portant.

« Ah ! je vous rencontre, à la fin, monsieur Balfour, dit-il, en m’offrant sa grande et belle main que je pris d’un air réservé.

— C’est curieux comme les événements nous rapprochent, n’est-ce pas ? fit-il ; je vous dois des excuses pour avoir été mêlé à vos affaires malgré moi ; j’ai été trompé