Page:Stevenson - Catriona.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant, mon bagage n’étant pas arrivé, j’ajoutai que je croyais avoir besoin de sa caution pour louer un appartement. Puis je lui expliquai que ma sœur étant venue passer quelque temps avec moi, il me fallait deux chambres. Le malheur était que M. Balfour, dans sa lettre de recommandation, avait donné des détails sur moi et sans parler d’une sœur, naturellement.

Je pus m’apercevoir que mon Hollandais avait de grands soupçons et, me regardant par-dessus ses lunettes, il commença à m’interroger en détail.

Alors j’eus peur : en supposant qu’il accepte mon récit, pensai-je, et qu’il invite ma sœur, il se douterait du subterfuge et nous serions perdus tous les deux. Je me hâtai donc de présenter que ma sœur était d’un naturel timide et qu’elle avait tellement peur de faire de nouvelles connaissances, que je l’avais laissée assise dans un jardin public. Une fois lancé, il m’arriva ce qui arrive toujours en pareil cas, je m’embrouillai dans mon mensonge, ajoutant des détails inutiles sur la santé de miss Balfour et sa vie retirée pendant son enfance ; puis je fus pris de remords et je rougis.

Le vieux banquier ne fut pas ma dupe et il aurait bien voulu me le prouver, mais c’était avant tout un homme d’affaires ; et sachant que, tout au moins, mon argent était bon, si ma conduite n’avait pas l’air correcte, il me donna son fils pour cicerone et pour caution. Je dus donc présenter le jeune homme à Catriona. La pauvre enfant était un peu reposée ; elle se comporta à merveille, me prit le bras en m’appelant son frère avec une aisance dont je ne l’aurais pas crue capable ; afin de jouer son rôle, elle se montra très aimable pour le jeune Hollandais et il aurait dû s’apercevoir que, pour une personne si sauvage, elle avait fait de grands progrès en peu de temps. Ensuite, nous n’avions pas le même accent, j’avais celui des Basses-Terres, elle avait des