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avait pas de lune et la nuit était sombre. La marche était pénible car il gelait et on glissait à chaque pas.

« Eh bien, Catriona, dis-je, nous voilà comme les fils du roi et les filles des vieilles femmes dans votre conte des Highlands. Bientôt, nous arriverons aux sept montagnes, aux sept collines et aux sept landes de bruyère. »

C’était le refrain de son histoire qui m’était revenu à la mémoire.

« Oui, seulement, ici, il n’y a ni collines, ni montagnes, ni bruyère. Je conviens pourtant que les arbres et les prés sont très beaux ; mais notre pays est bien supérieur.

— Hélas ! si nous pouvions en dire autant de nos compatriotes, répondis-je, en pensant à Sprott, à Sang et peut-être aussi à James More.

— Je ne me plaindrai jamais du pays de mon ami, dit-elle avec un accent si doux qu’il me semblait voir son regard malgré l’obscurité. Aussi, retenant ma respiration, je me rapprochai d’elle et pour ma peine je faillis tomber sur la glace.

— Je ne sais ce que vous en pensez, Catriona, dis-je, dès que je fus revenu de mon émotion, mais cette journée est la meilleure de ma vie ! Je rougis de l’avouer alors que vous venez d’éprouver tant de déboires et d’ennuis, mais pour moi, il en est ainsi.

— C’est une bonne journée que celle où vous m’avez montré tant de dévouement.

— Cependant, je suis confus de mon bonheur en vous voyant sur cette route à cette heure-ci !

— Où pourrais-je être mieux dans le monde entier ? s’écria-t-elle ; c’est auprès de vous que je suis le plus en sûreté.

— Alors, suis-je tout à fait pardonné ?