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et je ne sais par quelle erreur on lui a donné votre nom pour adresse. Je ne suis que son compagnon de voyage, mais nous devons venir en aide, vous et moi, à notre compatriote.

— Voulez-vous me rendre fou ? cria-t-il, je vous répète que je ne sais rien et que je ne me soucie ni de lui, ni de ce qui peut lui arriver ! Je vous dis que cet homme me doit de l’argent.

— C’est possible, monsieur (et je sentais la colère me venir), mais moi, je ne suis pas votre débiteur, cette jeune fille est sous ma protection, et je ne suis pas habitué à de telles façons de parler, je vous en avertis. »

Et tout en parlant, j’avançai d’un pas ou deux vers la table, employant par hasard le seul argument qui pût toucher le bonhomme. Il pâlit aussitôt.

« Ne vous fâchez pas, Monsieur, s’écria-t-il, je n’avais pas l’intention de vous offenser ; je suis comme un vieux chien grognon, dont l’aboiement fait du bruit, mais qui n’a pas la dent mauvaise. Sandie Sprott est un bon garçon. Et si vous saviez combien cet homme m’a trompé !

— Très bien ! mais permettez-moi de vous demander quand vous avez eu de ses nouvelles pour la dernière fois ?

— Vous tombez bien ! Pour ce qui est de la jeune miss, il l’aura complètement oubliée. Je le connais, voyez-vous, il y a longtemps qu’il m’a fait perdre de l’argent. Quand il a ce qu’il lui faut, clan, roi ou famille, il envoie tout promener ! Oui, et son correspondant de même. Car nous sommes associés dans une affaire et cela coûtera cher à Sandie Sprott ! Il est mon associé, et je vous donne ma parole que j’ignore où il est. Il peut revenir demain… ou seulement dans un an, je ne m’étonnerai de rien, sauf d’une seule chose : qu’il me paye ce qu’il me doit. Vous voyez ma situation, je ne puis rien faire pour Miss Drummond, elle ne peut pas rester chez moi,