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dangers qu’elle avait courus m’avait extraordinairement surexcité.

« Très bien, lui dis-je, cela vous apprendra, j’espère, à avoir une autre fois plus de bon sens. »

À l’hôtel, on me donna l’adresse de l’Écossais Sprott, et tout en nous y acheminant, nous regardions le pays avec curiosité.

Il y avait, en effet, bien des choses à admirer : les maisons étaient entourées d’arbres et de canaux, chacune était isolée et bâtie en jolies briques roses, avec un perron et un banc en marbre bleu auprès de la porte ; la ville entière était si propre, qu’on aurait pu dîner sur la chaussée.

Sprott était chez lui, penché sur ses livres de compte, dans une petite salle basse ornée de faïences et de tableaux avec un globe terrestre dans un cadre de cuivre. C’était un petit homme rubicond, un peu voûté. Il n’eut même pas la politesse de nous offrir un siège.

« James More Mac Grégor est-il ici, monsieur ? lui demandai-je.

— Je ne connais personne de ce nom, fit-il avec impatience.

— Je vais donc changer ma question et vous demander où nous pourrons trouver à Helvoetsluys James Drummond, alias Mac Gregor, alias James More, ancien maître d’Inveronachile ?

— Monsieur, dit-il, il n’est pas en enfer, que je sache ! et en vérité, je voudrais qu’il y fût !

— Voici sa fille, Monsieur, je suppose que vous trouverez comme moi que ce n’est pas devant elle qu’il convient de discuter la valeur de son père.

— Je n’ai affaire ni à lui, ni à elle ! s’écria-t-il avec une grosse voix.

— Permettez-moi de vous dire, monsieur Sprott, que cette jeune fille est venue d’Écosse pour le rejoindre,