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ne pouvez pas en juger, et c’est pourquoi vous ne devinez pas, eh bien, c’est pour l’amour de votre beauté qu’elle vous a protégée ; tout le monde en eût fait autant !

— Tout le monde ? répéta-t-elle malicieusement.

— Oui, tout le monde, tout être sensible !

— Ah ! alors, c’est pour cela que les soldats m’ont laissée passer à la prison ?

— Barbara vous a appris à vous moquer de moi !

— Elle m’a aussi appris beaucoup d’autres choses sur monsieur David, ses défauts d’abord, puis quelques-unes de ses qualités, ajouta-t-elle en souriant. Elle m’a tout raconté sur son compte, sauf qu’il devait s’embarquer avec moi… Mais pourquoi partez-vous ? »

Je le lui dis.

« Nous allons passer quelques jours ensemble alors, reprit-elle, et puis nous nous dirons adieu pour tout de bon. Je vais rejoindre mon père dans une ville qui se nomme Helvoetsluys et de là, nous irons en France retrouver notre chef. »

Je ne répondis pas, le nom de James More me serrant la gorge. Elle s’en aperçut, devina une partie de ma pensée et m’adressa ces paroles.

« Avant tout, j’ai quelque chose à vous dire ; je sais que deux des miens ont eu des torts envers vous : l’un est James More, mon père, l’autre est lord Prestongrange ; ce dernier a pu se justifier, quant à mon père, j’ai à l’excuser ; il était enchaîné en prison, c’est un honnête soldat et un brave gentilhomme des Highlands ; il n’a pas deviné ce qu’on voulait de lui, mais s’il avait compris que ses paroles étaient susceptibles de vous nuire, il serait mort plutôt que d’ouvrir la bouche. Au nom de notre amitié, je vous demande pardon, pour mon père et ma famille, de cette erreur.

— Catriona, s’il y a eu erreur ou non, je veux