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« J’allais m’arrêter là, mais ce serait mettre en doute la réponse et pour ma part, je la connais. Je vais donc terminer par un bon conseil : Ne soyez pas trop timide, mais, pour l’amour de Dieu, n’essayez pas d’être trop hardi ; rien ne vous sied plus mal. Je reste

« Votre amie affectionnée.
« Barbara Grant. »

J’écrivis un mot en réponse sur une feuille de mon carnet, je le joignis à un billet de Catriona, je scellai le tout avec mon nouveau cachet aux armes des Balfour et je remis le paquet au domestique qui attendait dans le canot.

Alors, nous eûmes le temps de nous regarder à loisir, ce que nous n’avions pu faire encore. Instinctivement, nos mains se rejoignirent.

« Catriona ! dis-je à plusieurs reprises,… et il semblait que ce fût le seul mot que je pusse trouver.

— Vous êtes content de me revoir ? demanda-t-elle.

— Quelles vaines paroles, répondis-je, ne sommes-nous pas trop bons amis pour dire des banalités ?

— Barbara n’est-elle pas la meilleure personne du monde ? reprit-elle, je n’ai jamais rencontré de femme si belle et si bonne !

— Cependant, elle ne se soucie pas plus d’Appin que d’un trognon de chou.

— Elle le prétend, c’est vrai ; pourtant, c’est bien à cause de mon nom et de mon clan qu’elle a été si bonne pour moi.

— Vous le croyez ? Mais ce n’est pas la seule raison de sa bonté, je vais tâcher de vous expliquer cela. Voyez-vous, il y a toutes sortes de visages en ce monde ; il y a celui de Barbara que nul ne peut voir sans l’admirer ; puis il y a le vôtre qui est tout différent, — je ne m’en étais jamais aperçu aussi bien qu’aujourd’hui. — Vous