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— C’est un oiseau de nuit, en effet, dit-elle.

— Il y eut une partie de cornemuses, un match, vous jugez si le temps passa vite[1].

— Il ne faut pas que vous soyez ennemis en tout cas, répondit-elle. Son frère était là il n’y a qu’un instant entouré des habits rouges. C’est à lui que je donne le nom de père.

— Vraiment ! seriez-vous fille de James More ?

— Sa fille unique, la fille d’un prisonnier. Et dire que, depuis un instant, j’oublie mon père pour causer avec un étranger ! »

Ici, l’un des montagnards, Gillies, l’interrompit avec ce qu’il savait d’anglais, lui demandant ce qu’il devait faire « pour le tabac ». Je fis alors quelque attention à cet homme et je constatai que c’était un petit, à grosse tête, à cheveux roux et qui avait les jambes torses. Je ne devais que trop le revoir dans l’avenir !

« On ne peut en avoir aujourd’hui, Neil, répondit la jeune fille ; comment acheter du tabac sans argent ? Cela vous apprendra à être plus soigneux à l’avenir et je pense que James ne sera pas content de Neil du tout ?

— Miss Drummond, dis-je en m’approchant, je vous ai dit que ce jour est pour moi un jour de chance. J’ai ici un homme qui porte de l’argent, rappelez-vous que j’ai reçu l’hospitalité dans votre pays de Baldwidder.

— Ce n’est pas ma famille qui a pu vous l’offrir.

— C’est vrai, mais je suis redevable à votre oncle au moins de quelques gambades au son des cornemuses. D’ailleurs, ne vous ai-je pas demandé votre amitié ? Vous ne me l’avez pas refusée.

— S’il s’agissait d’une grosse somme, vous pourriez en tirer vanité, mais je vais vous dire ce que c’est. James

  1. Voir les Aventures de David Balfour, chap. xxv.