Page:Stevenson - Catriona.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Derrière les barreaux de fer de la meurtrière, se détachant sur le mur noir, j’aperçus deux ravissants visages. Inutile de les nommer, c’étaient Miss Grant et Catriona.

« Voilà ! cria Miss Grant, je voulais qu’elle vous vît « dans vos beaux habits », comme a dit la fille de Limekilns, je tenais à lui montrer ce que j’ai su faire de vous. »

Il me revint alors à l’esprit qu’elle avait été, ce jour-là, plus méticuleuse que d’habitude sur ma toilette ; et je pense que les mêmes soins avaient dû être pris pour Catriona.

Quoique sérieuse et sensée, Miss Grant était étonnamment occupée de chiffons.

« Catriona ! » ce fut le seul mot qui put sortir de mes lèvres.

Elle ne répondit rien, mais elle sourit délicieusement et me fit un petit signe de la main.

Ce fut tout ; car aussitôt, on l’entraîna loin de la meurtrière.

Cette chère vision ne fut pas plutôt évanouie que je me précipitai dans les escaliers pour la suivre. En bas, je trouvai la porte de la maison fermée à clef ; je remontai chez Miss Ramsay et la suppliai de me faire ouvrir. Ce fut peine perdue, mon éloquence n’eut aucun résultat, elle avait donné sa parole, me dit-elle, et il fallait me résigner. Je n’avais pas d’autre parti à prendre, d’ailleurs, car je ne pouvais ni enfoncer la porte, ni sauter dans la rue. Je dus me borner à guetter leurs silhouettes dans l’escalier et ce fut une maigre consolation, car je n’aperçus que deux ombres encapuchonnées. Catriona ne me jeta même pas un regard d’adieu. Je sus plus tard que Miss Grant l’en avait empêchée en lui disant que « l’on n’est jamais à son avantage vue d’en haut ».

Aussitôt à la maison, je reprochai à Miss Grant sa cruauté.