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« Cher monsieur David, je reçois constamment de vos nouvelles par les soins de ma cousine miss Grant, et j’en ai un vif plaisir. Je me porte très bien et j’habite un endroit charmant parmi de braves gens, mais tout doit demeurer secret. J’espère cependant que nous pourrons nous revoir un jour. Tout ce qui a trait à votre amitié m’a été raconté par ma chère cousine, qui nous aime tous les deux. C’est elle qui me prie de vous écrire et se charge de ma lettre. Je vous demande de lui obéir en tout et je reste

Votre amie affectionnée.
« Catriona Mac Gregor Drummond »

« P.-S. — Ne me ferez-vous pas l’amitié d’aller voir ma cousine Allardyce ? »

Ce ne fut pas la moindre de mes « campagnes » (pour parler comme les militaires) que cette visite que je fis pour complaire à Catriona. Mais je fus récompensé par un accueil charmant ; la farouche cousine était complètement changée et je la trouvai souple comme un gant. Je ne sus jamais comment miss Grant s’y était prise pour arriver à ce résultat, mais elle n’avait pas dû paraître en personne, son père étant trop compromis dans toute l’affaire. C’était lui, en effet, qui avait empêché Catriona de retourner chez sa cousine ; il l’avait confiée à la famille Gregory, une société agréable pour elle, car ils étaient de son clan, bien que dévoués à l’avocat général. Ils l’avaient gardée secrètement, l’avaient aidée à opérer la délivrance de son père, et l’avaient reçue de nouveau à sa sortie de prison. C’est ainsi que lord Prestongrange put se servir de cet instrument sans que ses relations avec la fille de James More fussent ébruitées. Il y eut bien quelques murmures au moment de l’évasion de ce triste sire, mais le gouvernement avait répondu par des mesures de rigueur, les gardiens