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entra dans le salon au retour d’une promenade et je lui trouvai quelque chose d’anormal dans la physionomie, son teint était coloré, ses yeux brillaient et elle esquissait un petit sourire dès que son regard s’arrêtait sur moi. On aurait dit qu’elle incarnait la malice et, tout en se promenant dans la pièce, elle me chercha querelle et déclara à la fin, avec beaucoup de colère, qu’elle n’accepterait aucune excuse, que je l’avais gravement offensée et que je devais lui demander pardon à genoux.

Devant une attaque aussi injuste, je finis par m’irriter à mon tour.

« Je ne vous ai rien dit d’offensant, je ne sais ce que vous voulez dire, et quant à me mettre à genoux, c’est une posture que je réserve pour Dieu.

— Eh bien, je veux être servie comme une déesse, s’écria-t-elle en secouant ses boucles brunes, et tout homme qui approche de mon cotillon doit en passer par là.

— J’irai jusqu’à vous demander pardon et encore, ce sera pour sacrifier à l’usage, car je jure que je ne sais pas pour quelle faute, mais si vous aimez les situations de comédie, vous pouvez chercher ailleurs.

— Oh ! David ! s’écria-t-elle, même si je vous en priais. Je réfléchis que je luttais contre une femme, c’est-à-dire contre un enfant, et sur un point de pure convention.

— C’est un enfantillage, indigne de vous et de moi ; cependant, je ne veux pas vous refuser et le ridicule en retombera sur vous. »

Et je mis un genou en terre.

« Là ! s’écria-t-elle, ravie, voilà la vraie position ! Voilà où j’ai réussi à vous amener. Maintenant, attrapez ! »

Et me jetant un billet plié, elle s’enfuit de la chambre en riant.

Ce billet n’avait ni date ni adresse. Le voici :