tandis que mon cœur se gonflait d’amertume à la vue de cette demeure et à la pensée du vieil avare qui grelottait sans doute à la cuisine.
« Voilà ma maison et ma famille ! dis-je.
— Pauvre monsieur Balfour ! répondit miss Grant. »
Je ne sus jamais ce qui se passa pendant cette visite, mais à voir le visage de lord Prestongrange quand il nous rejoignit, elle ne dut pas être agréable à mon oncle.
« Vous serez bientôt le maître ici, me dit l’avocat général, en se retournant vers moi, le pied déjà dans l’étrier.
— Je ne désire que ce qui m’est dû, répondis-je, et ne voudrais faire de tort à personne. »
Je dois noter cependant que, pendant son absence, nous nous étions livrés, miss Grant et moi, à des projets d’embellissement, que j’ai du reste exécutés plus tard.
De là, nous allâmes jusqu’à Queensferry, car lord Prestongrange voulut lui-même s’occuper de mes affaires et voir Rankeillor. Celui-ci nous souhaita une chaude bienvenue et parut ravi de recevoir un si grand personnage. L’avocat général resta plus de deux heures enfermé avec lui et je sus plus tard qu’il avait témoigné pour moi d’une grande estime et d’un sincère intérêt. Pendant cette longue conférence, miss Grant, le jeune Rankeillor et moi résolûmes de nous promener aux environs et, prenant un bateau, nous passâmes la Hope de Limekilns. Rankeillor fit la cour d’une façon ridicule à miss Grant et celle-ci, ne voulant sans doute pas renier son sexe, s’en montra flattée. Mais cela eut un avantage, car lorsque nous fûmes sur l’autre rive, elle lui demanda de garder le bateau tandis que nous allions un peu plus loin jusqu’à l’auberge. Elle avait imaginé cette promenade pour voir Alison Hastie, car, s’étant vivement intéressée à mon récit, elle voulait faire la