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ne voyez-vous pas que mon cœur frémit rien qu’à ce souvenir ?

— Je me moque de vous, c’est vrai, et plus peut-être que ne le permet la politesse, mais je tiens à vous dire une chose : Si vous lui parlez sur ce ton, vous aurez des chances.

— Moi ? criai-je, je n’oserai jamais ! Je peux vous parler ainsi, miss Grant, parce que ce que vous pensez de moi m’est indifférent, mais elle ?… C’est impossible !

— Je crois que vous avez le plus grand pied de toute l’Écosse !

— C’est vrai, ils ne sont pas précisément petits, fis-je en jetant les yeux dessus.

— Ah ! pauvre Catriona, s’écria-t-elle. »

Je la regardai sans comprendre ; j’ai saisi plus tard le sens de ce qu’elle voulait dire, bien que je ne sois jamais prompt à saisir le sens de ce genre de discours.

« Eh bien, monsieur David, reprit-elle, ce sera contre ma conscience, mais je vois que je serai obligée d’être votre porte-parole. Elle saura que vous avez couru pour la voir à la nouvelle de sa captivité ; que vous n’avez pas pris le temps de manger, pour arriver plus vite ; et de notre conversation actuelle, elle apprendra ce que je jugerai convenable de dire à une fille de son âge et de son expérience. Croyez-moi, vous serez ainsi mieux servi que par vous-même. Car j’empêcherai le grand pied de se poser dans les plats.

— Vous savez donc où elle est ? m’écriai-je.

— Oui, monsieur David, et je ne vous le dévoilerai pas.

— Pourquoi ?

— Eh bien, dit-elle, vous avez pu vous apercevoir que je suis une amie fidèle ; et la personne à laquelle je suis le plus fidèle, c’est mon père. Je vous assure que vous ne gagnerez jamais rien sur moi là-dessus ; ainsi vous