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mais je n’ai pas les mêmes raisons de m’abstenir et je serais le plus indigne de ses amis si je ne volais pas près d’elle maintenant…

— Oh ! oh ! monsieur David ! et notre convention ?

— Milord, quand j’ai consenti à cette convention, à ce traité, si vous voulez, c’était dans un moment où j’étais touché de l’extrême bonté de Votre Excellence ; mais je ne saurais nier que j’y aie été poussé également par mon intérêt, je suis honteux maintenant de mon égoïsme et de ma faiblesse. Si cela peut vous être utile et agréable de dire que David Balfour est votre ami et votre convive, dites-le, et je ne vous contredirai jamais. Mais, quant aux avantages que je devais en retirer, à votre protection en particulier, j’y renonce. Je ne vous demande qu’une seule chose : laissez-moi partir et donnez-moi un sauf-conduit pour la prison. »

Il me jeta un regard dur.

« Vous mettez la charrette avant les bœufs et vous êtes dans l’erreur sur mon compte ; vous ne me paraissez pas avoir remarqué que j’ai pour vous une amitié sincère. Quant à ma protection, elle ne vous a pas été promise et même ne vous a pas encore été offerte. (Il s’arrêta une seconde.) Je cherche à vous mettre en garde contre vous-même ; la jeunesse est bouillante, avant qu’il soit longtemps, vous jugerez autrement des choses.

— Eh bien, je veux être cette jeunesse bouillante ! m’écriai-je, j’ai trop vu les calculs, l’intérêt égoïste dans l’esprit de ces jeunes avocats qui vous entourent, qui vous flattent et qui prennent même la peine de me cajoler moi-même ! J’ai vu les mêmes ambitions chez les hommes mûrs ! ils ont tous des motifs intéressés ; il en est ainsi dans tous les clans ! C’est cela qui me fait douter de l’amitié de Votre Excellence ! Pourquoi m’aimeriez-vous vraiment, en effet ? Ne m’avez-vous pas dit