de savoir les détails de l’affaire. J’ai reçu deux récits, le moins officiel et le plus complet et de beaucoup le plus intéressant étant de la plume de ma fille aînée. Voici sa lettre :
« … Toute la ville est en l’air à cause d’un événement à sensation. Ce qui rendrait la chose plus intéressante (si seulement le public le savait), c’est que le malfaiteur est une « protégée » de Son Excellence mon papa ! Je suis sûre que vos occupations vous ont amené à oublier « les yeux gris ». Eh bien, quel est son méfait ? elle s’est coiffée d’un chapeau à larges bords, elle a endossé un long manteau d’homme et une large cravate ; elle a retroussé ses jupes et enfilé une paire de bottes énormes ; elle a pris de vieux souliers rapiécés et s’est acheminée dans ce costume vers le château. Là, elle s’est présentée comme étant un savetier employé par James More, et a obtenu d’entrer dans sa cellule. Le lieutenant (qui semble un joyeux compère) riait avec les soldats de l’accoutrement du savetier, puis ils entendirent du bruit dans la cellule et des coups donnés et reçus, alors ils virent le savetier s’élancer au dehors, le manteau au vent, le chapeau enfoncé sur le visage et ils continuèrent à se moquer de lui. Ils n’ont pas ri d’aussi bon cœur quand, une fois entré dans la cellule de James More, ils se sont trouvés en face d’une grande et belle jeune fille aux yeux gris qui avait repris son costume féminin ; pour ce qui est du savetier il court encore et l’on croit que le pauvre pays d’Écosse devra se consoler de sa perte. Ce soir, en société, j’ai bu à la santé de Catriona, la ville entière l’admire et tous les beaux messieurs désireraient pour leur boutonnière un morceau de ses jarretières, s’ils pouvaient s’en procurer. J’aurais voulu aller la voir dans sa prison, seulement, je me suis souvenue à temps que je suis votre fille ; aussi je vous ai seulement écrit ce billet que j’ai