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« Oui, reprit-il, la gentille dame est en prison. Mais je ne veux pas vous désespérer : À moins que vous et vos amis vous n’obteniez ma retraite, il ne lui sera fait aucun mal.

— Mais de quoi est-elle coupable ? criai-je, quel est son crime ?

— On pourrait le qualifier de « haute trahison », car elle s’est frayé un passage dans le château du roi à Édimbourg.

— Vous parlez de mon amie, dis-je ; je sais que vous ne plaisanteriez pas ainsi si la chose était sérieuse.

— Elle est sérieuse dans un sens, car cette coquine de Katrine a renvoyé à l’aventure dans le monde cet homme taré qu’est son père. »

Une de mes prévisions se réalisait donc. James More était libre. Il avait prêté ses gens pour me faire enlever, il avait vendu son témoignage dans l’affaire d’Appin, et sa déposition avait servi (peu importe par quel moyen) à influencer le jury. Il venait d’obtenir sa récompense : il était libre. Les autorités pourraient bien parler d’une évasion, mais je ne m’y trompais pas, je savais que sa liberté était le prix d’un marché. Cette pensée m’enleva toute alarme pour Catriona. On pouvait dire qu’elle avait aidé son père à s’évader, elle pouvait même le croire elle-même, mais je distinguais facilement dans tout cela la main de Prestongrange et j’étais sûr qu’il ne la laisserait pas même passer en jugement. Alors cette exclamation imprudente m’échappa :

« Ah ! je m’y attendais !

— C’est étrange, comme vous êtes discret par moments ! dit Prestongrange.

— Que veut insinuer par là Votre Excellence ?

— Je m’émerveille qu’étant assez habile pour tirer de pareilles conclusions, vous ne le soyez pas assez pour les garder pour vous. Mais je pense que vous êtes curieux