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« S’il m’est permis de donner une forme à l’idée de notre jeune ami, dit-il, je crois qu’il conviendrait de réunir le fait de sa séquestration et les principaux points de sa déposition dans un Mémoire que l’on ferait parvenir à Sa Majesté. Ce plan a des chances de succès ; il peut servir notre client, et, d’autre part, le roi pourra savoir gré à ceux qui l’auront rédigé et signé. »

Ils se consultèrent de la tête et, tout en soupirant, consentirent à la rédaction d’un Mémoire.

« Veuillez écrire, monsieur Stewart, dit Miller ; je pense qu’il convient que ce document porte nos cinq signatures comme défenseurs du condamné.

— Cela ne saurait nuire, répondit Colstoun en soupirant, car il s’était cru avocat général pendant environ cinq minutes. »

Ils se mirent alors à composer le Mémoire, ce qui ne tarda pas à les passionner et je n’eus rien de mieux à faire que de les regarder et de répondre à quelques rares questions. Le document fut rédigé avec soin ; il commençait par le récit des circonstances du crime, puis relatait la récompense offerte pour ma personne, ma reddition volontaire, la pression exercée sur moi, mon enlèvement et ma séquestration, enfin, mon arrivée à Inverary trop tard pour déposer. Ensuite, on expliquait les raisons de patriotisme et d’intérêt public pour lesquelles on avait renoncé à tout moyen d’action, et le Mémoire se terminait par un appel suppliant à la bonté du roi en faveur de James Stewart.

Dans tout cela je me voyais plutôt sacrifié et représenté comme un jeune écervelé prêt à adopter les moyens extrêmes, qu’un groupe d’hommes sérieux avait ramené à la raison. Mais je ne fis pas d’observation à ce sujet ; je me bornai à demander deux choses ; d’abord, qu’il fût consigné dans le Mémoire que j’étais encore prêt à faire ma déposition devant tel tribunal ou telle com-