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— Cela peut à peine s’appeler de la politique, mon ami, dit Miller très flatté, tout au plus une petite révolution, et je crois bien pouvoir vous promettre que les historiens prendront plus tard pour date « l’affaire Balfour ». Mais si elle est conduite avec prudence, monsieur Stewart, ce sera une révolution pacifique.

— Ah ! quand même les Campbell recevraient quelques horions, je serais loin d’être fâché », s’exclama Stewart en montrant le poing.

Je n’étais pas très satisfait de la tournure que prenaient les choses, bien que je ne pusse m’empêcher de sourire de la naïve inconscience de ces vieux intrigants. Mais ce n’était pas pour aider à l’avancement du shérif Miller, ni pour susciter une révolution dans le Parlement, que j’avais enduré tant de misères et de peines ; aussi pris-je la parole aussi modestement qu’il me fut possible.

« Je dois vous remercier, messieurs, pour vos bons avis, dis-je ; mais j’aurais, avec votre permission, quelques questions à vous poser. Il y a une chose, par exemple, qui a été laissée de côté : Ce procès aurait-il un bon résultat pour James Stewart ? »

Ils parurent un peu déconcertés et me firent des réponses variées, mais qui revenaient au même point, c’est-à-dire que James, maintenant, n’avait plus d’espoir que dans la grâce du roi.

« En second lieu, repris-je, ce procès sera-t-il un bien pour l’Écosse ? Vous connaissez le proverbe qui dit : « Celui-là est un mauvais oiseau qui détruit son propre nid. » Je me souviens d’une émeute qu’il y eut à Édimbourg dans mon enfance et qui donna occasion à la reine d’appeler l’Écosse « un pays barbare » ; j’ai toujours cru que nous y avions plus perdu que gagné. Plus tard, vint l’année 1745. Et maintenant, nous aurions « l’affaire Balfour », comme vous l’appelez. Le shérif Miller pense que les historiens l’adopteraient comme