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je veux parler du procès de lady Grange ; alors qu’elle était encore en prison, mon ami, M. Hope de Rankeillor, fit tout ce qui était humainement possible, et ne perdit pas de temps ; il ne put jamais obtenir la justification ! Ce sera la même chose aujourd’hui, les mêmes moyens seront employés. Il s’agit, messieurs, d’une haine de clan : la haine du nom que j’ai l’honneur de porter règne en haut lieu ; il n’y a rien à considérer dans cette affaire que le dépit des Campbell et une basse intrigue des Campbell. »

Ce discours fut naturellement bien accueilli et pendant un moment, je restai au milieu de ces hommes habiles, assourdi de leurs diatribes et pas plus instruit pour cela de ce qu’il convenait de faire. L’avoué se laissa aller à de violentes paroles ; Colstoun dut le prendre à part pour le calmer ; le reste de la société continua à discourir bruyamment ; le roi Georges reçut en passant quelques épigrammes et aussi quelques mots de maladroite défense. Quant au duc d’Argyle, il fut battu à plate couture, bien entendu ; la seule personne qu’on parut oublier fut James Stewart des Glens, le prévenu.

Pendant ce conflit, cependant, M. Miller n’avait pas bougé. C’était un vieux gentleman rubicond et au regard clignotant ; sa voix était douce, bien timbrée et il accentuait chaque mot comme les acteurs pour obtenir le plus d’effet possible. Même silencieux, sa perruque posée à côté de lui, son verre entre les mains, les lèvres finement pincées et le menton en avant, il personnifiait la ruse et la politique. Il était évident qu’il avait quelque chose à dire et qu’il n’attendait que l’occasion.

Colstoun venait de terminer son discours par une allusion à leur devoir envers James ; son collègue sembla profiter de cette transition et, d’un geste, obtint le silence.

« Voilà qui me suggère une idée que nous avons négligée, commença-t-il ; sans doute, l’intérêt de notre client