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Notre premier soin fut de débarquer Anster, qui avait amené le bateau, afin d’assurer pour le lendemain la délivrance de nos trois captifs. Nous remontâmes alors le golfe de Forth ; la brise, quoique moins forte, ne nous manqua jamais complètement ; le soir, nous arrivâmes à la hauteur de Queensferry. Pour ne pas rompre son engagement ou du moins ce qui en restait, Andie ne me permit pas d’aller à terre, mais il me laissa écrire ; sous le couvert de Prestongrange et avec le sceau de l’État qui dut bien étonner mon correspondant ; je traçai quelques lignes qu’Andie se chargea de porter à leur adresse, c’est-à-dire à Rankeillor. Une heure après, il revint avec une bourse d’argent et la promesse qu’un bon cheval m’attendrait le lendemain à deux heures sur le rivage de Clackmannan Pool. Cela fait, et le bateau se balançant sur son ancre, nous nous endormîmes à l’abri de la voile.

Le lendemain, bien avant deux heures, nous étions à Pool et je ne pus qu’attendre et patienter. C’était assurément sans enthousiasme que je me préparais à accomplir ma mission, j’aurais même été content d’un prétexte pour l’abandonner ; mais, comme il ne s’en présentait pas, mon impatience d’arriver n’était pas moindre que s’il se fût agi de courir à un plaisir longtemps convoité. Un peu avant deux heures, nous aperçûmes le cheval, un homme le promenait, et cette vue excita encore mon ardeur.

Andie attendit l’heure de ma libération avec scrupule, mais il ne fit pas bonne mesure à ses patrons et quelques secondes après que deux heures eurent sonné, j’étais en selle et déjà au galop vers Stirling. Je mis une heure environ à dépasser cette ville et j’approchais déjà d’Alan Water quand, subitement, le temps changea et je me vis aux prises avec une véritable tempête : la pluie m’aveuglait, le vent m’enlevait presque de la selle