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XVI

LE TÉMOIN ABSENT


Le 17 septembre, jour que j’avais rendez-vous avec Stewart l’avoué, je me sentis en révolte contre le sort. La pensée qu’il m’attendait à Fink’s Arms, ce qu’il allait supposer en ne me voyant pas, et ce qu’il me dirait à notre première rencontre, tout cela m’accablait. J’étais forcé de m’avouer que la réalité lui paraîtrait invraisemblable ; je trouvais cruel de passer pour un menteur et un poltron, alors que je n’avais rien négligé pour tenir ma parole. J’avais beau examiner ma conduite, j’avais agi comme un frère envers James et j’avais le droit, sans vanité, d’être fier du passé. Quant au présent, il ne dépendait plus de ma volonté ; je ne pouvais traverser la mer à la nage, ni m’enlever dans les airs. Andie seul était en mesure de me procurer un dernier moyen d’arriver à temps. Je lui avais rendu service et il m’avait pris en affection ; une fois encore, il fallait essayer de le persuader. Je me mis aussitôt à sa recherche. L’après-midi s’achevait, le silence régnait sur le Bass, interrompu seulement par le clapotis d’une mer tranquille ; les trois Highlanders avaient gravi les rochers, Andie était seul, assis parmi les ruines, sa Bible à la main. En